
Une vision organique : Sundsbø métamorphose le Calendrier Pirelli
Depuis sa création dans les années 1960, le Calendrier Pirelli a toujours été un reflet (parfois provocant, souvent visionnaire) de son époque. En choisissant le photographe norvégien Sølve Sundsbø pour signer l’édition 2026, la maison italienne continue d’affirmer un virage artistique assumé. Exit le glamour figé ou les clichés formatés : place à une image vivante, mouvante, profondément connectée à la nature.
Actuellement en cours de production à Londres, le Cal™ 2026 sera dévoilé à Prague en novembre. Et déjà, une promesse se dessine : celle d’un objet visuel chargé de poésie et de tension organique, où l’humain ne domine plus le paysage mais s’y fond, s’y confronte, s’y révèle.
« Avec ce calendrier, je veux transporter les spectateurs dans un univers inattendu — un monde empreint de poésie, de sensualité et de mystère intime. C’est le reflet de mon lien profond avec la nature, ainsi que de ma curiosité, mon émerveillement et mon goût pour la narration. » déclare Sundsbø
Sølve Sundsbø n’a jamais considéré la photographie comme une simple capture du réel. Chez lui, l’image est avant tout un espace de métamorphose. Formé au London College of Printing après avoir quitté sa Norvège natale, il a très tôt exploré les limites du médium, entre superpositions numériques, retouches manuelles, scans 3D et mises en scène quasi cinématographiques. À chaque série, il invente un langage nouveau, un récit visuel qui interroge la perception. Son approche du corps, de la peau, du mouvement, de la lumière, fait écho à la peinture, au surréalisme ou même à la biologie. Rien n’est figé, tout est flux : les textures respirent, les silhouettes flottent, les visages deviennent paysages. Une esthétique organique, quasi cellulaire, qui promet de faire du Cal™ 2026 une œuvre à la fois sensorielle et profondément actuelle.
Bien qu’installé à Londres depuis 1995, Sundsbø reste viscéralement inspiré par sa Norvège natale. Dans ses images, on retrouve la clarté des fjords, la minéralité des reliefs, l’âpreté silencieuse des paysages du Nord. Ce lien au vivant ne relève pas du décoratif : il est structurel. Il habite ses compositions, ses choix de couleurs, ses mises en scène. Cette sensibilité l’a conduit à collaborer avec les plus grandes maisons, Chanel, Hermès, Louis Vuitton, Gucci, tout en imprimant sa marque sur la presse mode et culturelle (Vogue Italia, The New York Times Magazine, W, Numéro, i-D). Mais au-delà des marques, ce sont ses projets les plus immersifs — The Ever Changing Face of Beauty, 14 Actors Acting, ou ses portraits fantomatiques pour la rétrospective Savage Beauty d’Alexander McQueen — qui témoignent de son rapport physique, presque tactile, à l’image.
Confier le Cal™ à Sølve Sundsbø, c’est aller plus loin dans la mutation esthétique entamée par Pirelli ces dernières années. Moins de starification, plus de récit. Moins de surface, plus de profondeur. À l’heure où la photographie de mode cherche à se réinventer, à retrouver du sens, le regard de Sundsbø tombe à point nommé. Il ne s’agit plus de montrer, mais de ressentir. De construire un espace sensible où la nature n’est pas seulement un décor, mais un langage — voire un personnage à part entière. Une forêt intérieure. Une topographie émotionnelle. Une zone d’ambiguïté fertile. Sundsbø, fidèle à sa méthode, ne livrera aucun indice visuel avant la sortie officielle. Mais à en croire ses mots, ce calendrier ne sera ni une rétrospective ni un manifeste. Plutôt une traversée : celle d’un monde en friction entre l’intime et le cosmique, entre l’archaïque et l’hypermoderne.
À l’ère de l’image omniprésente, standardisée, algorithmique, le Calendrier Pirelli 2026 s’annonce comme un contrepoint salutaire. Une parenthèse visuelle conçue par un artiste qui, au lieu de capturer le monde, choisit de le traduire. Et si la beauté résidait désormais dans la porosité entre les formes ? Entre corps et végétal, entre art et artifice, entre technique et sensation ? La réponse se trouvera sans doute dans ce calendrier comme on n’en a jamais vu. Un objet organique. Une image en mouvement. Une vision.
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