
Le film qui vous contamine par le son : The Plague
Un frisson sonore a parcouru la Croisette cette année. Et ce n’est pas qu’une image. Le Prix de la Meilleure Création Sonore 2025, décerné dans le cadre de la sélection Un Certain Regard, a été attribué à l’unanimité à The Plague de Charlie Polinger. Ce jeune réalisateur américain y transforme une simple tradition adolescente en expérience acoustique immersive et anxiogène. Le film, aussi glaçant que poétique, a captivé le jury par sa maîtrise vertigineuse du design sonore.
Présidé par le réalisateur Gérard Krawczyk (Taxi 2, Fanfan la Tulipe), le jury 2025 composé de personnalités aux sensibilités artistiques aussi diverses qu’exigeantes (Emmanuelle Gaume, Martin Luminet, Janine Langlois-Glandier et Christian Hugonnet) a salué la manière dont The Plague « sublime la perception artistique, sémantique et narrative du spectateur. »
Une bande-son qui inocule l’angoisse.
The Plague nous plonge dans l’univers apparemment banal d’un camp de water-polo pour garçons. Mais ce qui débute comme un jeu cruel — un garçon désigné porteur fictif d’une maladie, « la peste » — vire peu à peu à une paranoïa collective, entre bizutage et psychose latente. Ici, le son ne commente pas, il infiltre. Il creuse une atmosphère à la frontière du réel et de l’imaginaire.The Plague devient une œuvre où l’audible prolonge l’invisible, comme un virus qui se propage sans qu’on en mesure les effets.
Un prix qui célèbre la sensibilité auditive.
Créé en 2017 sous l’impulsion de La Semaine du Son, avec le soutien de l’UNESCO, le Prix de la Meilleure Création Sonore récompense les cinéastes qui font du son un protagoniste à part entière. Son fondateur, Christian Hugonnet, acousticien de renom, défend depuis toujours l’idée d’une conscience sonore universelle : « Le son, c’est le lien invisible entre nous et le monde. » Ce prix s’inscrit ainsi dans une mission plus large : celle de rappeler, à travers le cinéma, l’impact du sonore sur notre santé, notre mémoire et notre perception du réel. Et cette année, The Plague s’impose comme un modèle du genre.
Charlie Polinger, un nom à suivre.
Encore peu connu du grand public, Charlie Polinger signe ici un coup d’éclat. Sa capacité à tordre le réel par le prisme du son évoque des influences allant de Lynch à Lanthimos. Mais c’est dans son approche sensorielle radicale que le cinéaste affirme déjà une signature : celle d’un créateur pour qui chaque bruit, chaque silence, chaque vibration a une valeur narrative. Avec The Plague, il ne signe pas seulement un film, mais une expérience acoustique. Un uppercut sensoriel. Une contagion émotionnelle. Le son a une âme. Et Charlie Polinger en est l’un des médiums les plus prometteurs de sa génération.
The Plague, à écouter les yeux grands ouverts.
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