Matières à manger, matières à penser

Longtemps relégué au statut d’accessoire décoratif ou de relique muséale, le surtout de table fait un retour inattendu sous une forme à la fois sculpturale, conceptuelle et résolument contemporaine. À travers Ferdie Paris, la table devient un territoire de création, un espace critique où s’invitent artisanat, art et design. Loin du folklore patrimonial, la marque transforme les objets du quotidien en pièces totémiques, provoquant autant qu’elles séduisent.

La première collection, intitulée Le Banquet, pose les bases d’un manifeste visuel : six objets emblématiques du repas français – Le Poulet, Le Camembert, L’Œuf, La Noix, Le Pain, Le Saucisson, bientôt rejoints par Le Croissant – y sont amplifiés, magnifiés, recouverts de feuilles d’or ou d’argent 24 carats, et produits en séries limitées. Chaque pièce, signée et numérotée, devient alors une sculpture à part entière. Ici, l’usage se confond avec la contemplation.

Ce glissement de l’objet vers le signe, de la matière vers le symbole, s’inscrit dans une réflexion plus large sur notre rapport au repas et à ses rituels. En redonnant sa place au surtout – figure centrale du service à la française sous l’Ancien Régime – Ferdie ne se contente pas de réveiller une tradition : elle la renverse, la recontextualise. La table n’est plus seulement un lieu de réception, mais un espace de narration. On ne sert plus, on expose. On ne consomme plus, on contemple.