Exposer les parfums d’Orient

Les parfums et le monde arabe ont fait un mariage heureux il y a bien longtemps. Depuis la plus haute Antiquité en effet, le monde arabe est le berceau d’une civilisation des senteurs. Elles bénéficient d’une considération notable, très ancienne et riche d’implication.

L’origine de cette union prospère remonte à la culture commerçante de l’Arabie antique, terre de l’encens et de la myrrhe, qui fit des échanges des matières olfactives la source de sa richesse et de sa renommée. Les parfums y jouissaient d’une estime singulière, que la tradition musulmane a renforcée. Vivant dans un environnement odorant, marqué par la place que les senteurs occupent sur sa terre natale, le Prophète Muhammad les voyait comme un don d’Allah aux hommes. Il considérait la bonne odeur comme une preuve de savoir-vivre et prenait grand soin de son corps. Porteur d’une culture du parfum, il l’a l’érigée au rang de règle de conduite et même d’esthétique de vie. Depuis lors, les parfums sont empreints d’une symbolique forte et leur rôle dans le quotidien de tous demeure encore très vivant aujourd’hui. Ils imprègnent les pratiques culturelles, sociales et intimes. Fragrances, onguents, huiles, baumes, eaux ou fumigations se retrouvent ainsi dans bien des aspects de la vie : le bien-être et la cos- métique, l’hospitalité et le vivre ensemble, la cuisine et la médecine, la séduction et la reli- gion… Parfois, les mêmes matières premières possèdent des qualités thérapeutiques, prophy- lactiques et culinaires qui prévalent alors sur leur rôle esthétique et leurs senteurs.

Aujourd’hui, les parfums dit « orientaux » sont associés à une palette d’odeurs spécifiques, essentiellement chaudes, ambrées et épicées, qui façonnent une famille olfactive que les maisons de parfums remettent à la mode. L’exposition raconte ainsi la relation fusionnelle qui unie les parfums et le monde arabe. Elle met en lumière leur longue histoire commune, les odeurs qui caractérisent leur union, les nombreuses coutumes qui les lient et dont le rôle social est essentiel. Elle est imaginée comme une déambulation personnelle. Le cheminement dans des lieux divers – d’abord à travers la nature, puis dans les ruelles d’une ville et enfin au sein d’une maison – doit révéler au visiteur des pratiques et des histoires de parfums, par des échos constants entre ouvres patrimoniales et contemporaines. Mais que serait une exposition sur les parfums si on ne peut les sentir? Le parcours est ainsi envisagé comme une conjugaison des sens, où l’odorat raconte tout autant que la vue. Des dispositifs olfactifs inventifs invitent le visiteur à s’immerger dans les senteurs créées spécialement par le parfumeur créateur, Christopher Sheldrake.

Parfums d’Orient
Jusqu’au 17 mars 2024
Institut du monde arabe

1, rue des Fossés-Saint-Bernard Place Mohammed V
75005 Paris
www.imarabe.org