ÉCHOS DE L’ÂME: À LA RENCONTRE DE COLLËTTE

Collëtte, c’est avant tout un parcours initiatique, une quête de soi et de liberté alors que son avenir semblait déjà tout tracé. En janvier 2021, son éco-anxiété la pousse vers l’introspection et la création, sans anticiper qu’elle en ferait son projet. Pourtant, elle fait valser son quotidien pour se lancer dans la musique : d’abord par passion puis par état d’urgence. Plusieurs rencontres inattendues dont son voisin producteur la poussent à croire en sa voix. Collëtte s’autorise alors à raconter ses prises de conscience, sa peur du romantisme, et ses regrets dans le deuil. Un engagement créatif qui la pousse à se réinventer, à lâcher prise et à prendre des risques tout en découvrant au grand jour ses multiples facettes. Influencée par les voix de Charlotte Cardin, Camélia Jordana et Florence & The Machine, et guidée par les sonorités 80s de groupes anglo-saxons, Collëtte crée une rétro pop française, à sa façon. Instinctive et assumée.
 

Comment décririez-vous l’artiste Collëtte ?

Collëtte, c’est un peu tout ce que je ne m’autorisais pas à être dans ma vie d’avant. Je suis pleine de contradictions, pleine de contrastes, aussi bien dans ma musique que dans ce que je veux incarner. Et en général, Collëtte c’est une partie de moi qui me permet de me libérer petit à petit de plein d’injonctions qui m’empêchaient d’être moi…

Pouvez-vous nous parler de vos débuts dans la musique et des expériences qui ont façonné votre style artistique ?

J’ai commencé à étudier la musique dès mes 6 ans : j’étais en classe à horaires aménagés musique, on avait des cours de chorale, d’instrument, de solfège… Orientée vers la musique classique. J’ai continué de manière plus anecdotique au collège et au lycée, puis j’ai complètement arrêté après le bac. Quelques années plus tard, autour de mes 25 ans, je me suis rendu compte à quel point la musique manquait à mon quotidien et j’ai commencé à chanter au piano. Plusieurs rencontres impromptues m’ont fait réaliser que j’avais envie que la musique devienne le centre de ma vie, et j’ai osé me lancer en artiste indépendant ! Je pense que ma musique a été façonnée en grande partie par l’éducation classique que j’ai eu la chance d’avoir, et aussi beaucoup par mes écoutes actuelles, plus pop, indé

Quelles sont vos principales influences musicales et comment celles-ci se manifestent-elles dans votre musique ?

J’ai l’impression d’être influencée par plein de choses ! En tous cas, j’ai réalisé qu’il y avait une vraie dualité dans ma musique, entre un côté pop et un côté rétro. Le rétro, je le retrouve dans mes arrangements, peut-être aussi dans la composition, qui vient de la musique qu’écoutaient mes parents (groupes de rock anglo-saxons des années 70-80 essentiellement). Le côté pop s’immisce par la mélodie et mes inspirations vocales, car je suis très inspirée par les artistes féminines pop actuelles (Charlotte Cardin, Florence & The machine, London Grammar, Camélia Jordana…).

Pouvez-vous nous présenter votre premier EP « Et mon cœur s’éleva » ?

C’est vraiment le symbole de ma quête de liberté qui me permet d’avoir le sentiment que j’ai grandi de la meilleure des façons : par le cœur ! J’y raconte une partie de l’introspection par laquelle je suis passée pour me libérer. Et pour être encore plus précise, le titre “et mon cœur s’éleva” fait référence à la version française de Ma Bastille dans laquelle je chante que “j’attends que mon cœur, un jour, s’élève”…. Ce jour est arrivé avec la sortie de mon projet !  Je suis tellement fière d’avoir réussi à sortir ce premier EP, car malgré les doutes et les difficultés, ce jour est arrivé : c’est encore plus libérateur !

Quel est selon vous, le titre le plus emblématique de cet EP ?

Ça doit être le titre “laisse couler”. Je crois qu’elle parle à beaucoup de monde puisqu’elle évoque un sujet très actuel, celui de l’éco-anxiété, et que c’est celle qui, musicalement, me ressemble le plus. Ce qui est fou, c’est que je ne voulais pas la sortir initialement, croyant qu’elle n’était pas au niveau, mais c’est pourtant la préférée de beaucoup. Finalement, ce sont les autres qui m’ont appris à aimer cette chanson que j’ai composée et écrite très instinctivement pour me libérer d’un état horrible. Et je trouve ça super beau. Que ce soit le réalisateur de mon EP, Julien Humez, qui m’a dit avoir été encore plus inspiré sur les arrangements de cette chanson, ou les réalisateurs du clip Athénaïs Besnard et Mathieu Schumeng ou chaque personne qui m’a aidée sur ce projet (ils sont nombreux, je ne peux pas tous les citer), c’est leur investissement et intérêt qui m’ont permis d’aimer cette chanson et de l’accepter comme révélatrice de ce que je créerai sûrement par la suite…

Pouvez-vous nous décrire un moment de créativité intense où une chanson est née de manière spontanée et surprenante ?

J’ai envie de parler de chacune d’entre elles car le process était toujours assez différent ! Mais à nouveau “Laisse couler”, c’est la chanson qui a été écrite le plus spontanément. En pleine crise d’éco-anxiété après avoir vu un article alarmant sur le réchauffement climatique sur Facebook, j’ai voulu écrire pour comprendre ce qui commençait à bouillir en moi avec une intensité inédite. C’est la première chanson que j’ai écrite, la première que j’ai composée instinctivement. Bref, c’est vraiment représentatif d’un moment de lâcher prise vis-à-vis de moi-même, qui jusqu’alors me jugeais beaucoup dans tout ce que j’entreprenais. Et quand on se juge… on ne fait pas grand chose.

À l’ère numérique, comment maintenez-vous un lien authentique avec votre public et comment utilisez-vous les médias sociaux et d’autres canaux pour cultiver une communauté engagée autour de votre musique ?

Je crois que c’est la partie du métier la plus difficile pour moi. Cette question me fait réaliser que je perçois encore, sûrement à tort, les réseaux sociaux comme une plateforme très auto-centrée alors qu’elle est surtout là pour créer du lien. J’ai encore du travail à faire pour m’autoriser à parler de moi, à le partager, avec le plus de sincérité possible. Mais ça avance ! Et ça aussi, c’est libérateur. Merci pour cette prise de conscience du coup ahah !

Quels défis avez-vous rencontrés en tant qu’artiste indépendante et comment les avez-vous surmontés ?

Le plus gros défi, c’est d’apprendre à avancer malgré les doutes qui viennent, s’en vont et reviennent sans jamais prévenir. Apprendre à s’entourer, accepter les choses qui changent, les gens qui partent, les nouvelles personnes qui arrivent dans sa vie… Et puis financièrement, on ne va pas se le cacher, c’est plus compliqué que d’être salariée. Mais ces défis me donnent l’impression d’être une femme bien plus accomplie…

Pouvez-vous partager une expérience particulièrement mémorable que vous avez vécue dans votre carrière musicale jusqu’à présent ?

Cela faisait 4 mois que j’avais quitté mon travail pour lancer mon projet de musique. J’avoue, au début, c’était un peu compliqué et je ne savais pas par où commencer, je ne me sentais pas légitime, je vivais dans le jugement, la peur… Et un peu par magie, j’ai été prise à une résidence dans la salle de concert FILE7. Une semaine entre femmes avec pour objectif de nous pousser à nous professionnaliser dans le milieu de la musique. Sincèrement, c’est le moment où je me suis sentie le plus à ma place, et où, pour la première fois, je ne me souciais pas en permanence du jugement des autres. J’ai chanté « ma bastille » pour la première fois sur scène et c’était un moment hors du temps, où il y a eu une vraie symbiose avec les personnes qui m’écoutaient. Je m’en rappellerai toute ma vie.

Que diriez-vous à ceux qui découvrent votre musique pour la première fois pour leur transmettre votre vision artistique et votre passion pour la musique ?

J’aimerais leur dire que c’est une musique sincère, pleine de sensibilité, faite de piano et de guitares électriques. Ma musique est le résultat de 20 ans où je me suis éloignée de qui j’étais vraiment, temps durant lequel j’ai omis de mettre la musique au centre de ma vie. Et donc, pour moi, ma musique est intense et son intensité vient du temps que je cherche à rattraper, des émotions accumulées que je n’ai pas réussi à sortir. Bref : elle est émotive !

Quels sont les projets à venir ?

Plein de belles choses, je l’espère. Je me structure de plus en plus, je cherche à trouver de plus en plus de partenaires professionnels. J’ai démarré avec des amis, qui m’ont aidée à me lancer, et aujourd’hui je veux vraiment me professionnaliser en trouvant l’entourage bienveillant et aidant dont je rêve. Je veux faire des concerts, me pencher sur un premier album, développer ma créativité… Bref, continuer à mettre la musique au centre de ma vie et trouver ma place dans ce milieu pas toujours facile !

Et mon coeur s’éleva I Collëtte
@colletteavecletrema