Lumière, caméra, action! Conversation avec Stéphane débac

Depuis ses débuts sur les planches jusqu’à ses rôles sur grand écran, Stéphane Debac incarne avec éloquence et passion une multitude de personnages, captivant ainsi le public à travers ses performances remarquables. Dans cette entrevue, nous plongerons dans l’univers artistique de Stéphane, explorant ses inspirations, ses défis et ses projets à venir, afin de découvrir les facettes les plus profondes de cet artiste polyvalent.

 

Votre parcours professionnel est varié, allant du théâtre au cinéma en passant par la télévision. Comment naviguez-vous entre ces différents médias et qu’est-ce qui vous attire dans chacun d’eux ?

Hormis pour le théâtre, les autres médias présentent finalement de moins en moins de spécificités particulières… Les canaux de diffusion ont homogénéisé la qualité de l’offre. Ce qui compte sincèrement c’est Le sujet et la partition de jeu. 

Quels sont les défis uniques que vous trouvez dans l’interprétation de personnages sur scène par rapport à ceux devant la caméra ?

Il y a bien longtemps que je n’ai pas exercé mon métier au théâtre. J’aimerais beaucoup y retourner. Je ne ressens pas l’idée de « défis » en général, c’est une notion qui me parle assez peu. La seule vraie différence est ce fil continue que vous impose le théâtre du matin jusqu’au baissé de rideau le soir, et puis cette immédiateté avec le public. Paradoxalement je me sens plus libre devant une caméra. 

Quels sont les acteurs ou les artistes qui vous inspirent dans votre travail ?

Je suis davantage inspiré par mon imaginaire que par des acteurs dans mon travail. Mais j’en admire beaucoup ! 

Vous avez joué dans une grande diversité de rôles. Comment choisissez-vous vos projets et qu’est-ce qui vous attire dans un personnage en particulier ?

Le choix est une notion très relative pour la plupart des acteurs… Il m’est arrivé de m’inscrire dans des films très moyens… Mais je suis partisan du travail. Il faut jouer sans attendre « le rôle ». Une chose est sure, ce qui compte c’est ce que je peux faire du rôle, plus que le rôle en lui-même. Je crois que c’est ce qui me guide profondément. Si je sens que je peux « faire exister » ce type là, que mon imaginaire mouline et que je ne suis pas lui, alors je me sens à ma place. 

Comment la littérature, l’art ou d’autres formes d’expression influencent-ils votre approche du jeu d’acteur ?

Mes influences participent à mon travail de façon très inconsciente. Nous absorbons tous, et pas seulement les acteurs, de l’art d’une façon ou d’une autre, un récit, un film, le souvenir d’un musée, une musique, une nouvelle, même un livre lu adolescent… Ce qui me plaît c’est me confronter à une œuvre 10 ou 15 ans après l’avoir vu pour la première fois. Elle, elle n’a pas changé, mais nous, fatalement, notre sensibilité aura évoluée avec les années. C’est une belle façon de se confronter à ses émotions. 

Parmi tous les personnages que vous avez interprétés, lequel vous a le plus marqué personnellement et pourquoi ? 

Probablement le « petit juge » de l’affaire Villemin réalisé par Raoul Peck. Car pour la première fois à l’époque un metteur en scène m’engageait pour ce que je pouvais faire et non pas pour ce que j’avais fait. C’est croyez-moi une forme d’intelligence et de confiance précieuse et rare dans notre métier. Il en a été de même avec d’autres metteurs en scènes, mais Raoul Peck a été le premier, alors forcément ça marque. 

Y a-t-il un projet que vous avez refusé dans le passé et que vous regrettez maintenant ?

Ce serait plutôt l’inverse, un film que j’ai regretté d’avoir accepté parce qu’on me le proposait sans casting et à l’époque c’était la première fois que cela m’arrivait. J’étais si flatté, si ému et si fier que j’ai accepté sans même lire le scénario ! Quelle erreur ! Mais j’ai beaucoup appris de cette erreur… Et je n’ai jamais recommencé depuis. 

Parlez-nous de votre processus de préparation pour un rôle. Comment vous immergez-vous dans le personnage et quelle est votre approche pour le rendre authentique ?

J’ai besoin d’avoir une projection visuelle du personnage, je dois le voir en fermant les yeux… Si j’ai cela, alors tout devient facile. J’avance vers lui jusqu’à ne faire qu’un. C’est un « processus » très ludique et qui me vient très naturellement. Je n’aime pas cerebraliser la création. Je travaille de façon très organique, le corps, la voix, le rythme, la pensée… C’est important de bien penser lorsque l’on joue. 

Vous avez travaillé avec des réalisateurs renommés tels que Claude Chabrol, Cédric Klapisch ou encore Night Shyamalan. Comment ces collaborations ont-elles enrichi votre expérience en tant qu’acteur ?

C’est amusant que vous citiez ces 3 là car pour chacun d’eux c’était vraiment de petits rôles. Mais concernant Claude Chabrol cela reste un souvenir très particulier car je l’adorai. Vraiment. J’étais tout jeune, il me recevait dans son bureau, ouvrait son scénario et cherchait quoi me proposer… C’était absolument génial. Précieux. Et tout à fait exceptionnel pour le jeune homme que j’étais. Il m’a engagé comme cela deux fois m’offrant de courtes participations mémorables à bien des égards. 

Comment votre relation avec un réalisateur influence-t-elle votre interprétation d’un personnage ?

Vous faites référence à ce que l’on appelle la « direction d’acteur » ? Eh bien je n’y crois pas beaucoup. Enfin si. Comment vous dire… Je pense que si le réalisateur choisit le bon acteur dans le bon rôle et bien c’est un peu comme un pied qui s’emboîte parfaitement dans un soulier. Ni la chaussure, ni le pied ne souffriront. Je crois aussi beaucoup aux lectures pré tournage. Aux échanges… Il faut se parler. Mais une fois sur le plateau il trop tard, le cap doit être donné, entendu et la bonne direction prise par tous. 

Certaines de vos performances sont dans des films à gros budget, tandis que d’autres sont dans des productions plus indépendantes. Quelle est la différence majeure dans votre approche lorsque vous travaillez sur ces types de projets ? 

Je ne fais aucune différence. Si ce n’est que le manque de budget impose un rythme de travail plus rapide, plus dense, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’adore travailler vite. 

Vous avez également exploré le monde de la comédie. Comment abordez-vous le genre comique différemment par rapport au drame ?

Faire rire impose souvent, pour ma part, d’explorer les sentiments les plus viles. Une certaine veulerie. Une certaine médiocrité. J’adore ça ! Le drame c’est plus facile, il suffit de ne rien faire. D’ailleurs je suis partisan du « moins = plus ».

Vous serez prochainement à l’affiche de la série « Extra » qui sera diffusée sur OCS. Pouvez-vous nous en parler ?

C’est une série à laquelle je suis très attachée. Mathieu Bernard et Jonathan Hazan les créateurs sont vraiment talentueux et l’équipe de production des Films du Cygne au service de cette création. Cette série explore par exemple la médiocrité et une certaine avidité d’Antoine, le personnage que je joue, avide d’appartenir au petit milieu de notables qu’il fréquente et cela sans voir sa femme, géniale Anne Girouard,  s’émanciper et se libérer enfin de leur vie ronronnante… Auprès d’handicapés ! J’espère que cette série trouvera son public comme on dit, car elle ne ressemble à rien de ce qui est proposé actuellement en France. Et même si je ne suis pas friand du sempiternel « On a eu beaucoup de plaisir à tourner blablabla. » je dois dire que j’ai adorer rencontrer et travailler avec ces metteurs en scènes ainsi qu’avec Anne Girouard et Nicolas Lumbreras. 

Quels sont, selon vous, les défis actuels auxquels l’industrie cinématographique est confrontée ?

Les mêmes défis qui s’imposent à notre monde moderne ; justice salariale, et qu’enfin le pouvoir ne permette plus jamais cette ascendance abjecte sur les femmes comme sur les hommes. Enfin à titre personnel, je ne comprends pas comment certain films qui racontent des histoires sans fond filmées dans 4 décors coutent plusieurs millions d’euros. Je pense qu’on ne peut plus donner plusieurs millions à un seul homme surtout quand celui-ci n’en rapporte pas le quart par sa présence. Je n’aime pas ce cynisme. 

Comment voyez-vous l’évolution du métier d’acteur dans les années à venir, notamment avec l’émergence des plateformes de streaming ?

Je pense que le cinéma va devenir un objet de luxe et que l’offre a intérêt à être à la hauteur ! 

Vous avez également écrit et réalisé vos propres courts métrages. Comment cette expérience a-t-elle influencé votre perspective en tant qu’acteur ?

J’ai réalisé 15 épisodes d’une série « Palizzi » il y a quelques années, produit à l’époque par Elisa Soussan aujourd’hui devenue la brillante productrice de Myfamily Productions. J’ai aussi réalisé des pilotes pour France 2 et des formats courts pour Canal+. J’aime les actrices et les acteurs. Je connais leur doutes et je sais comment les amener à livrer le meilleur d’eux-même ; les mettre en valeur. Actuellement je développe une série pour TF1 accompagné par une productrice de grand talent Adriana Teofanova, je travaille avec deux co scénaristes Arthur Morin & Fabien Adda et je dois dire que notre quatuor m’enchante ! Je développe aussi un long métrage au sujet très personnel. Je compte essayer de plus réaliser dans l’avenir, avec la volonté de donner la part belle aux artistes ! 

Quels sont vos projets futurs et y a-t-il des genres ou des types de rôles que vous aspirez à explorer davantage dans votre carrière ?

Je tourne actuellement une comédie « Green Panthères » le deuxième long métrage de Julie Manoukian aux côtés d’Emilie Caen et Vincent Elbaz. Julie insuffle un style très rétro et stylé au film en traitant des sujets pour le moins contemporains.  J’aime les rôles extravagants, ce qui ne veut pas dire exubérant.  Pour vous répondre, j’adorerai jouer un vampire, Lucifer, le bossu, une histoire désespérément romantique…  Tant que je me sens créatif et que je n’ai pas le sentiment d’avoir la vanité de me jouer moi-même je suis heureux. 

@stephanedebac