
Lucia Passaniti : Incarnation et improvisation, les clés du jeu
Lucia Passaniti n’aime pas les sentiers battus. Pour elle, jouer, c’est se métamorphoser, s’immerger, s’entraîner corps et âme jusqu’à ce que le personnage prenne vie. Révélée dans Ici tout commence, l’actrice navigue entre improvisation, préparation physique intense et lâcher-prise total. Entre adrénaline et introspection, elle nous raconte son rapport au métier, ses moments de doute, son amour des transformations et cette quête incessante du jeu juste.
Comment définiriez-vous votre approche du jeu d’actrice ? Avez-vous une méthode particulière pour vous immerger dans un rôle ?
Je ne saurais définir précisément mon approche du jeu, car elle évolue constamment. À chaque rôle, ma vision du métier et ma méthode changent, car j’apprends sans cesse. C’est d’ailleurs ce que je trouve fascinant dans ce métier : on n’a jamais fini d’apprendre et de progresser.
Vous sentez-vous plus à l’aise dans des rôles impliquant une transformation physique ou émotionnelle ?
Absolument. Jouer un rôle qui me ressemble trop est souvent plus difficile. La transformation, en revanche, est magique : chaque étape est un pas vers le personnage. Le Graal pour moi, c’est lorsqu’une préparation physique intense est nécessaire. L’un de mes premiers films m’a demandé d’apprendre le pole dance et la pratique des majorettes. Cet entraînement quotidien m’a plongée dans un univers auquel je n’étais pas familière et m’a aidée à comprendre mon personnage de l’intérieur. Sans même forcer l’émotion, je ressentais déjà une part de son vécu. Pendant un mois, j’ai vécu avec elle. Elle m’a imprégnée sans que j’en sois pleinement consciente.
L’improvisation fait souvent partie du travail d’acteur. Quelle liberté avez-vous dans ce domaine ? Comment vous y préparez-vous ?
Cela dépend énormément des projets et des équipes. Certains laissent plus de place à l’improvisation que d’autres. Avant, cette idée me terrifiait : je manquais de confiance en moi et j’étais persuadée que j’allais échouer. Aujourd’hui, je vois l’improvisation comme un outil précieux. C’est une formidable manière de découvrir son personnage et d’explorer des émotions sans être dans une posture de « jeu ». Parfois, c’est même le meilleur moyen d’oublier que l’on joue.
Quel est le moment clé de votre préparation, celui où vous sentez que vous avez véritablement “trouvé” votre personnage ?
Je le vois dans le regard du metteur en scène. J’ai une grande part d’insécurité, ce qui me pousse à aller toujours plus loin, mais brouille aussi ma perception. C’est pourquoi ma relation avec le metteur en scène est essentielle. Je lui fais entièrement confiance pour repérer ces moments de vérité, ceux où le jeu sonne juste. Certains compliments sont dits pour ne pas nous décourager, mais d’autres ont une véritable valeur, et ceux-là, on les sent immédiatement.
Vous êtes passée de rôles plus légers à des personnages plus complexes. Comment votre jeu a-t-il évolué au fil du temps ?
J’ai la chance de travailler avec une coach exceptionnelle, Karine Nuris. Grâce à elle, j’apprends et j’évolue en permanence. Ensuite, chaque tournage est une nouvelle expérience qui m’aide à mieux me comprendre en tant qu’actrice. À force, on apprend à gérer certaines situations sur un plateau et à affiner son approche du jeu.
On parle souvent des acteurs comme des “caméléons”. Cette capacité d’adaptation est-elle essentielle pour vous ?
Oui et non. Je ne pense pas que tous les acteurs soient des caméléons. Certains ont cette faculté innée, d’autres non. Cela dépend des sensibilités et des visions que chacun porte sur ce métier.
Comment préparez-vous votre interaction avec vos partenaires de scène ? Ressentez-vous le besoin d’une alchimie particulière pour rendre l’histoire crédible ?
Avoir une bonne entente avec ses partenaires facilite énormément le travail. Le tournage est une expérience intense et souvent épuisante, alors être entourée d’acteurs en qui l’on a confiance change tout. Mais dans la réalité, on ne choisit pas toujours ses partenaires. Il faut alors trouver un point d’accroche, quelque chose sur quoi s’appuyer pour que l’alchimie fonctionne malgré tout. Le plus difficile, c’est quand on ne fait pas confiance à son partenaire. Cela demande un effort supplémentaire pour parvenir à se lâcher complètement dans le jeu.
Certains metteurs en scène ont-ils marqué votre approche du jeu ? Quel type de direction vous inspire le plus ?
J’ai adoré travailler avec David Hourrègue. Nous avons une sensibilité commune qui nous permet de nous comprendre instinctivement. J’aime particulièrement deux aspects de sa direction : il nous raconte des histoires, ce qui nous aide à entrer naturellement dans l’état recherché, et il utilise énormément la musique. Ce médium est pour moi l’un des plus puissants. Il active immédiatement ma part créative et me transporte en un instant.
Qu’est-ce qui, selon vous, distingue un bon acteur d’un grand acteur ?
Les grands acteurs sont ceux qui disparaissent totalement dans leurs rôles. Peut-être ne s’oublient-ils pas réellement, mais c’est en tout cas l’impression qu’ils donnent. Ils laissent l’espace au personnage, sans jamais trahir leur propre trace.
Le jeu d’acteur vous permet-il d’explorer des facettes de vous-même que vous ne connaissiez pas ?
Je n’aborde plus vraiment le jeu sous un angle introspectif. La mémoire émotionnelle, la psychologie appliquée au jeu, tout cela peut être intéressant, mais je ne trouve pas cette approche très saine. On tombe vite dans l’idée qu’il faut souffrir pour jouer, et je refuse cette vision du métier.
Le jeu d’acteur implique parfois une forte charge émotionnelle. Comment la canalisez-vous sans vous laisser submerger ?
C’est très lié à la question précédente. Je ne vais plus chercher directement en moi. Bien sûr, l’émotion vient de moi, mais je la déclenche autrement. Je crée tout par l’imaginaire, en me projetant pleinement dans la situation. Cette approche me permet de couper immédiatement après une scène intense, avec une véritable sensation de libération. D’ailleurs, après une séquence chargée émotionnellement, je ressens souvent un effet d’adrénaline, presque comme un « shoot ». Peut-être ai-je canalisé des émotions enfouies, mais je ne les conscientise pas ainsi.
Pour vous, l’intensité du jeu d’un acteur repose-t-elle sur sa capacité à être sincère avec ses émotions ?
Pas seulement. Beaucoup d’autres éléments entrent en jeu. Mais bien sûr, ce que l’on attend avant tout d’un acteur, c’est qu’il nous fasse croire à ce qu’il joue.
Photos de Chloé Destuynder
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