INTERVIEW: ADÈLE CASTILLON, L’ÂME SENSIBLE

À 17 ans, elle fonde «Videoclub», son groupe de musique avec Matthieu Reynaud. Leur pop d’une fraîcheur désarmante et les textes mélancoliques sont un véritable succès. Durant deux ans, le duo enchaîne les clips à l’esthétique 80s et les concerts un peu partout en France et en Belgique. Rupture personnelle et séparation professionnelle signeront la fin de l’histoire du groupe. Armée de son hypersensibilité, Adèle Castillon a transformé ses tourments amoureux, ses désillusions, sa mélancolie en album exutoire. Dès lors, elle écrit, compose, collecte des images, encore et encore. Inlassablement. Signée sur le label dIconoclast, Adèle Castillon a trouvé en Surkin la patte  électro quelle cherchait tant pour éclairer son monde musical. Écrivant tous les textes de son album, Adèle Castillon se dévoile authentique, sans filtre et avec la volonté de se montrer telle qu’elle est.

Comment décririez-vous Adèle Castillon en quelques mots ?

Je suis une auteure, compositrice et interprète qui essaie tant bien que mal de transmettre des émotions au public à travers ma musique.

De 2018 à 2021, vous formiez avec Mathieu Reynaud le groupe Videoclub. Comment s’est amorcé le passage à une carrière solo ? Est-ce qu’être « seule » a été plus compliqué qu’être à deux ? 

Travailler seule a été une expérience complètement différente de mon expérience avec Vidéoclub. Quand on compose et écrit à deux, il faut faire des concessions. Là, au contraire je pouvais choisir d’aller au bout de mes idées et convictions. J’ai pu aussi choisir de parler de sujets plus personnels, des thématiques que je ne pensais pas forcément aborder avec mon premier groupe. En revanche, c’est aussi un projet que je dois porter seule ! Mais je dois avouer que c’est plutôt plaisant, j’aime la liberté que cela me donne.

Pouvez-vous nous en parler de Plaisir Risque Dépendance votre premier album ? 

C’est un album d’électro-pop avec des textes en français. Je l’ai écrit et composé entre 2021 et 2023. J’y aborde une grande rupture amoureuse mais aussi plus largement, une rupture avec moi-même. Cet album fige une période importante de ma vie où la frontière entre le plaisir, le risque et la dépendance était assez floue pour moi. J’ai essayé d’emmener les gens dans un univers musical où l’on peut danser sur des textes mélancoliques… Peut-être que je n’ai pas encore tout dévoilé… Qui sait ?

Quels ont été vos inspirations et processus créatif ?

Je suis une grande fan de Billie Eilish. J’aime les mélodies et les textes dans lesquels elle se montre fragile et vulnérable; ça lui donne une grande force que j’admire. Sinon, j’écoute beaucoup de rap français… Gazo, Nekfeu, Winnterzuko, Disiz, Luther et j’en passe. Je suis énormément ce qu’il se passe sur la nouvelle scène française. Pour ce premier album, j’ai composé la quasi totalité avec Surkin, un producteur de musique électronique. Je partais soit d’une prod, soit d’une top line… Le texte venait après pour la plupart des titres. Souvent, la mélodie amène un gimmick, une thématique et ensuite les couplets et refrains.

Y-a-t-il un titre qui vous tient plus à cœur que les autres ?

Toutes les chansons de mon album ont une place spéciale dans mon cœur, elles représentent toutes un moment particulier de ma vie, un souvenir, une sensation. La chanson Doliprane a failli ne pas être sur le disque car je l’ai terminée au dernier moment. D’ailleurs, le titre n’est même pas mixé. J’y aborde mon addiction aux médicaments et l’enfer que j’ai vécu quand j’étais en plein dedans: les mensonges, les frayeurs que j’ai causé à mon entourage, la sensation de vivre en décalé avec moi-même.

Votre album est un peu la photographie de votre génération…

Je ne pensais pas du tout à ça quand j’ai fait cet album mais si certaines personnes de ma génération se reconnaissent un peu en moi… alors j’espère que ces chansons leur apporteront un peu de réconfort.

Vous parliez d’addiction…

C’était important pour moi de me montrer la plus authentique possible. J’aime écouter et suivre des artistes qui montrent leurs failles car je m’y identifie plus facilement. Et puis aborder cette thématique dans l’album était une réelle nécessité pour moi. Si je n’avais pas écrit ce que je ressentais je ne sais pas ce qui aurait pu arriver. Pour moi, créer a joué un rôle capital dans mon processus de guérison face à mes problèmes d’addiction.

Vous avez collaboré avec l’artiste Surkin. Pouvez-vous nous parler de votre rencontre et de votre travail en commun ?

Nous sommes signés dans le même label de musique (Iconoclast Music). Notre première rencontre a eu lieu en 2021, il devait seulement s’agir d’une session studio pour voir, essayer… J’avais envie de trouver de nouvelles sonorités. Notre première séance a été extrêmement productive et je suis d’ailleurs ressortie avec la maquette d’un morceau de l’album Partir. Nous avons recommencé et il m’est apparu comme une évidence que l’album devait se faire avec lui.

Comment décririez-vous votre style à présent ?

Je fais de l’électro-pop française avec des sonorités plus club et modernes.

Votre carrière a débuté très tôt. Comment voit-on le monde de la musique avec des yeux d’adolescente ? Vous  êtes-vous heurtée à certaines désillusions ?

Je pense que l’insouciance que j’avais lorsque je suis apparue dans le paysage de la musique m’a permis de ne pas trop me soucier du regard des autres et de la pression que l’industrie musicale peut « imposer ». J’ai certes commencé jeune mais j’ai toujours eu la chance de m’entourer des bonnes personnes qui ont su me conseiller dans les moments où je doutais le plus. Comme toute passion qui devient métier, il y a des moments où l’on peut être déçu, surtout dans le milieu de l’Art. Mais honnêtement, je continue de réaliser la chance que j’ai de pouvoir vivre de tout cela.

Aujourd’hui, comment voyez-vous votre évolution ?

Quand je regarde en arrière, je crois que je suis impressionnée et fière de mon parcours. Depuis toute petite je ressens le besoin de créer et j’ai pu explorer ma créativité sous tellement de formes différentes ! Chaque expérience m’a appris énormément sur qui j’étais, les bonnes comme les mauvaises et j’espère pouvoir continuer encore longtemps ainsi.

Quels sont les projets à venir ?

Et bien comme je l’ai dit ci-dessus je n’ai peut-être pas encore tout dévoilé de ce premier album que je commence tout juste à défendre sur scène, en tournée dans plusieurs villes, cela me réjouit d’aller à Lille demain,  Bruxelles  le 6 mars, Reims le 9 mars, Bordeaux le 14…   Le 18 avril à la Cigale,  et cet été dans une vingtaine de festivals…

Plaisir Risque Dépendance I Adèle Castillon
@adelecastillon
www.adelecastillon.com

Crédit photo: Rémi Besse