Charlotte Fever, l’ardent duo sort son premier album
À l’automne 2018, nous découvrions les voix aussi douces qu’espiègles de Cassandra Hettinger et Alexandre Mielczarek. Mêlées à des instruments tropicaux et des nappes de synthés, elles définissent l’ADN déjà bien affirmé de leur EP éponyme Charlotte Fever. En novembre prochain, c’est désormais sur les rivages agités d’une plage de sable blanc que nous emmène l’ardent duo pour la sortie de leur premier album « Paris cyclone » et la sortie de leur titre éponyme. A cette occasion, nous avons rencontré la partie féminine du duo.
Comment s’est formé votre duo ?
J’ai toujours adoré le travail d’Alexandre. Il faisait partie d’un groupe de de rock psychédélique pour lequel il était compositeur et chanteur. J’allais le voir en concert, on a commencé à sympathiser. Un jour, le groupe a eu besoin d’une nouvelle chanteuse, j’ai commencé à travailler avec le groupe qui a dû malheureusement se séparer. Comme Alexandre et moi, on s’entendait bien, qu’on aimait les mêmes choses niveau son, on s’est dit qu’on allait essayer de faire de la musique ensemble et c’est comme ça que Charlotte Fever est né. Au niveau de la composition, on est sur du 50/50, on écrit les paroles ensemble, on discute beaucoup, on ne se met aucune limite. C’est vraiment un mélange de nous deux.
Pourquoi Charlotte Fever?
Charlotte est notre manager. Le jour où l’on a décidé de composer ensemble, Charlotte était là sur le canapé et elle avait tout simplement de la fièvre…donc voilà ! Elle a elle a cru en ce projet dès le début. A la base, c’était une amie qui nous aidait et c’est devenu par la suite notre manager à part entière, c’est devenu son métier, elle travaille pour une société de booking et de management qui s’appelle « Premier Amour ». Ça nous permet de mettre en lumière son travail, on dit souvent que Charlotte fait partie du groupe autant que Kevin, notre réal qui fait toutes les installations scènes… On pense souvent que derrière Charlotte Fever, il n’y a que deux personnes, mais on a une équipe derrière nous.
Quelles sont vos inspirations?
On recherche ce qui peut être fédérateur dans la musique, ce qui donne envie, ce qui plaît au public. On s’est également concentré sur nous, ce qu’on aime. On veut permettre aux gens de voyager, de partir loin. On veut rêver ! Serge Gainsbourg nous inspire, il a réussi à parler de sexe mais d’une manière poétique donc plutôt d’érotisme, et ce assez facilement pour l’époque. Aujourd’hui le sexe est le thème de pas mal de chansons mais plutôt dans le hip hop et d’une manière différente. On voulait parler de sexe aussi, mais avec douceur et c’est devenu très vite l’un des sujets emblématiques de Charlotte Fever. Il y a aussi ces références à la plage, aux paysages idylliques, les choses agréables qui font s’éloigner les gens du quotidien, en fait on essaye au maximum d’éviter les sujets négatifs. On parle aussi énormément d’amour, parce qu’on est un homme une femme et on trouve que c’est un sujet effectif où tout le monde se retrouve. C’est une des thématiques souvent abordées dans les chansons des années 80, qu’on aime beaucoup. En termes d’influence : L’Impératrice, Serge Gainsbourg et Sébastien Tellier, je pense que c’est un bon panel.
Comment décrire votre style?
Avant on utilisait le terme « sinthpop caniculaire » parce qu’on utilise énormément de synté, on fait de la pop et on parle toujours de sujets très « caliente », très chauds : l’amour, le sexe, la plage, le soleil. Mais plus simplement, je pense qu’on peut se mettre dans la catégorie pop française, ça nous correspond pas mal voilà.
Vous avez tourné au Japon et en Espagne, à quand une tournée en France ?
Il faudrait voir avec le programmateur ! (Rires). Moi, j’en ai trop envie ! C’est fou, on a pas mal de facilités à l’étranger mais en France, c’est plus compliqué, c’est très parisien. On a fait La Boule Noire et Groom à Lyon mais on aimerait bien faire une tournée en France, on en a vraiment mais ce n’est pas évident !
Charlotte Fever marche plutôt bien dans les pays d’Asie. Comment expliquez-vous ce succès ?
Il y a quelques années, on a fait une tournée en Corée et on a été surpris de voir que les gens n’essayaient pas forcément de comprendre les paroles. Je pense qu’on se bloque énormément avec la langue française parce qu’on se dit que ce n’est pas international alors que finalement comprendre le sens des paroles c’est un peu secondaire. Quand on était jeune on chantait des chansons en anglais sans rien comprendre et aujourd’hui la musique asiatique s’exporte avec la k-pop. Il ne faut vraiment pas se cloisonner à ce niveau-là. Charlotte a démarché pas mal d’endroits en Corée et on a remarqué que finalement les gens lui disaient oui assez facilement, ils étaient même plutôt contents. Les salles ont été remplies au Japon, on a fait un « sold-out », j’ai trouvé ça incroyable ! C’était notre première date à Tokyo ! Il faut juste oser essayer. La langue française est aimée partout dans le monde, on a énormément de chance. Et la pop française vit sa petite heure de gloire, on le voit bien avec l’Impératrice ou Lewis Hoffmann à Coachella. Les réseaux sociaux, internet, le streaming font aussi que la musique dépasse les frontières. En vrai, il faut juste envoyer des mails et tenter sa chance, parfois ça marche. On avait fait une tournée en Amérique centrale grâce à L’Alliance Française, c’est un peu ce qui nous a ouvert les yeux quand, on n’avait pas besoin d’attendre de signer avec une major ou quoi que ce soit pour avoir pour avoir une tournée. Il faut juste l’organiser soi-même ou avoir un organisme qui participe.
Quel public est le plus réceptif à votre musique ?
Peut-être qu’ Alex penserait différemment mais pour moi ce serait lors de notre concert au Mil de Lisbonne, le public était incroyable, c’était blindée et il n’y avait pas tant de français que ça ! C’était vraiment inattendu, le public était chaud. J’ai le souvenir aussi du Festival Hit The Road organisé tous les ans par l’association de Sciences Po. Le public était incroyable, les gens de Sciences Po sont fous, ils sont les jeunes, ils ont envie de s’amuser, de s’éclater. Ils ont parfois fait le show plus que nous ! Du coup cou, je dirais les Portugais et gens de Sciences Po !
L’Album Paris Cyclone
Empruntant une direction musicale plus rythmée, aux voix et au parlé-chanté plus assumés, les Charlotte Fever parviennent à faire évoluer leur univers entêtant vers de nouvelles sphères sans se défaire pour autant de la langoureuse chaleur qui leur colle à la peau. Tantôt lumineux, tantôt baignés d’une inquiétante étrangeté, toujours très mélodiques, les morceaux composés à quatre mains par Cassandra et Alexandre parviennent à bousculer la sobriété de l’électro pop actuelle en parant ses atours synthétiques de marimbas et flûtes en bois. Ce premier album toujours aussi aquatique, teinté d’une réjouissante touche de second degré.
Photo © Emma Birski
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