BONNE MÈRE, LE NOUVEAU SPECTACLE DE LAURA DOMENGE

Laura Domenge est enceinte et elle en a fait un spectacle. Bonne Mère est diffusé en exclusivité soir sur Téva.

 

Qu’est-ce qui vous amené au stand up ?

Voilà je suis tombée dans le théâtre un peu par hasard, quand j’avais 10 ans puis j’ai attendu patiemment de terminer toutes les étapes scolaires,  jusqu’au bac pour me lancer à fond dans le théâtre.  Je n’aimais pas les rôles qu’on me proposait en tant que femme,  je les trouvais très limitant.  Au lieu de m’en plaindre, je me suis dis que j’allais écrire mes propres rôles.  C’est comme ça que je suis arrivée à Seul(e) en Scène , avec un côté très théâtrale. Petit à petit,  j’ai découvert les comédies club et le stand up, un art à part entière. J’ai adoré !

 

Comment s’est passé votre premier stand-up ?

Le premier passage se passe toujours bien,  c’est ce qui nous donne envie de continuer. C’est à mon deuxième passage que je me suis dit qu’il allait falloir bosser !

 

Dans votre nouveau spectacle Bonne Mère, vous décidez de parler de votre maternité, pourquoi ?

Je suis avec le bon mec. Devenir papa était vraiment un rêve pour lui, il a la fibre paternelle même maternelle. C’est ce qui m’a donné confiance, c’est véritable acte d’amour . Je crois beaucoup aux signes et là, la vie s’est invitée dans un contexte un peu spécial puisque je pensais vraiment devoir renoncer définitivement à la maternité. J’ai pris ça comme une opportunité de vivre des choses qui n’étaient pas prévues. C’est ce que j’explique dans le spectacle. Au lieu de faire une thérapie, j’ai exorcisé toutes mes peurs, transformer tout ça en blagues. Ça m’aide ! Je me suis dit aussi que ça parlerait surement à d’autres femmes. Le stand-up, c’est l’art du parler vrai, sans détour, de tout ce qu’on se cache et qu’on ne veut pas s’avouer.  J’ai pensé que ça pourrait faire office de catharsis pour les autres femmes et pour les hommes aussi,  parce que j’interroge pas mal le rôle du père dans mon spectacle.  On est quand même la première génération à connaître des pères investis !

 

Un spectacle qui s’est écrit en quelques semaines, pourquoi aussi rapidement ?

Je pense que c’est le fruit de beaucoup d’angoisses qui murissaient.  C’était assez dingue, j’étais habitée lors de l’écriture de ce spectacle. Si je précise le temps qu’il m’a fallu pour l’écrire, c’est pour montrer à quel point c’est exceptionnel dans la mesure où moi d’habitude il me faut un mois, voire un mois et demi pour faire un bon 5 min… et là en un mois et demi j’ai fait un spectacle entier.  Ce qui prouve à quel point la parole était nécessaire !

 

Dès le début, vous parlez de l’âgisme dans la maternité et du fait qu’ à 37 ans, on parle de grossesse gériatrique…

Je me suis vraiment protégée avec les blagues ! J’ai 37 ans et je commence à peine à être en adéquation avec ma vie. Avoir un enfant avant aurait été une dinguerie,  même à 30 ans ! C’est terrible, il pourrait trouver un autre terme.  Gériatrique ?  C’est chaud quand même ! Il faudrait revoir un peu ces critères, surtout avec l’espérance de vie qui augmente. Ça m’a vraiment conforté dans mon féminisme, il y a vraiment du taf à tous les niveaux.  Je rigole en disant que la médecine est méchante avec les femmes mais c’est une réalité !  Je trouve que la médecine est très négligente.  L’endométriose par exemple,  on a appris que ça existait avant-hier, alors que les femmes ont été élevées dans l’idée qu’avoir mal pendant les règles étaient normal. Puis un jour, on apprend que c’est une maladie… Incroyable ! Et il y a un traitement ? Non,  parce qu’on vient de le découvrir…  C’est quand même fou, c’est une maladie qui existe depuis toujours. On se rend compte,  qu’on veut juste faire de nous, des pondeuses, tout le reste, notre confort,  notre psychologie… on s’en fout complètement .

 

Est-ce que votre grossesse a posé problème dans certains de vos projets ?

Oui ! J’étais au casting d’une super série avec un réalisateur que j’adorais et quand ils ont appris ma grossesse, j’ai été dégagée sans sommation. Et pour le coup, ce sont les hommes qui se sont battus pour que je reste.  Les femmes, elles ne voulaient pas. Dans ce milieu, les assurances sont très embêtantes avec les femmes enceintes, au moindre problème, le tournage doit s’arrêter donc je comprends ces réalités, on ne peut pas mettre en péril un tournage. Mais malheureusement, les aléas de la vie font que je peux me faire renverser par une bagnole et avoir les 2 jambes cassées… En termes de carrière, oui être enceinte pose des problèmes.  Pour une femme, c’est compliqué de faire carrière, idem pour une femme enceinte ou une maman mais ça va évoluer. Ça ne peut qu’évoluer,  on se doit d’évoluer !

 

Comment vivez-vous votre grossesse ?

Je me suis aussi pas mal battue avec mon entourage parce que je travaille encore. Cette surprotection me rend dingue. Effectivement, c’est sympa d’avoir une place dans le métro mais d’un autre côté je ne suis pas non plus malade. Mon activité cérébrale n’a jamais été aussi performante ! On doit combattre cette espèce de sacralisation qu’il y a autour de la femme enceinte, il y a 1000 façons de vivre sa grossesse ! C’est hyper culpabilisant, au moindre souci avec cet enfant on va dire que c’est de la faute de la mère, qu’elle aurait dû arrêter de travailler.

 

Et est-ce qu’au contraire, on vous en a demandé plus malgré votre état ?

Non, c’était bien plus hypocrite :  on m’a dit de me ménager tout en me foutant des deadlines impossibles qui impliquaient des nuits blanches et un énorme stress et ça c’est franchement criminel ! On est habitué au stress professionnel et on ne devrait pas mais quand on est enceinte, il y a un impact direct sur le bébé !

 

Finalement, qu’est-ce qu’ une bonne mère ?

Pour moi, une bonne mère, c’est une personne concernée, empathique et sympathique. C’est quelqu’un qui fait du mieux qu’elle peut en agissant avec pour seul guide la bienveillance et l’amour.

 

Y aura-t-il une suite à ce spectacle, sur le thème de la parentalité par exemple ?

C’est marrant parce qu’on m’en parle beaucoup mais là, je n’ai plus de neurones ! Je n’avais pas anticipé cette nécessité de parler et elle est arrivée à moi, j’ai un peu l’impression qu’ il se passera la même chose pour le prochain spectacle. Je n’irai pas le chercher,  j’attendrai qu’il vienne à moi justement pour éprouver cette nécessité. Les femmes ont déjà démantelé un peu le mythe de de la maternité,  il y en a qui l’ont très bien fait,  Florence Foresti par exemple. Mon angoisse aussi était que toute ma créativité tourne autour de cette maternité et je n’ai pas envie de rentrer dans une case. Je vais continuer à en tourner avec mon spectacle Une nuit avec Laura Domenge, que je reprendrai à la rentrée.

 

Bonne Mère de Laura Domenge
Sur Téva